Dienstag, 15. Juli 2008

L´Union pour la Méditerannée

L'UPM est lancée
Nicolas Sarkozy a lancé hier son projet d'Union pour la Méditerranée, qui pose les bases d'un partenariat entre une quarantaine de pays de l'Europe et de la Méditerranée, et se veut un « outil de paix » dans la région.
Paris.- Bureau DNA
Un succès diplomatique mais pas de photo de famille pour l'immortaliser. Hier, le président français a réuni à la même table, sous la verrière du Grand Palais à Paris, 43 chefs d'État d'Europe et de pays de la Méditerranée pour le sommet fondateur de l'Union pour la Méditerranée (UPM).
Les chefs d'État ont adopté une déclaration commune (lire ci-contre), acte de naissance d'une institution qui vise à « se retrouver autour de projets concrets », sur un principe « d'égalité Nord-Sud » entre les pays des deux rives de la mer, a résumé Nicolas Sarkozy lors du point presse concluant le sommet.
José Manuel Barroso, le président de la Commission européenne, a qualifié l'événement d'« historique ». Tandis qu'Hosni Moubarak, le président égyptien qui coprésidait le sommet avec Nicolas Sarkozy, s'est réjoui que « de nouvelles pages s'ouvrent » dans les relations entre Europe et Méditerranée, « pour mener vers plus de paix et de stabilité ».

Le projet adoubé est
différent de celui voulu
par le président français


La paix était au coeur de ce sommet fondateur de l'UPM placé sous très haute surveillance policière. Pour la première fois, le président syrien Bachar al-Assad, qui a fait à Paris un retour en force sur la scène diplomatique internationale, et Ehud Olmert, le Premier ministre israélien, étaient assis à la même table, alors que leurs pays sont formellement en guerre depuis 1948.
Le succès diplomatique de la réunion d'hier a été arraché au forceps par Nicolas Sarkozy. Seul Mouammar Kadhafi a boycotté la réunion, qualifiant le projet d'« effrayant ». Le roi du Maroc, Mohammed VI, s'est lui fait remplacer par son frère pour cause « d'agenda surchargé », et l'Élysée a tenté de minimiser cette défection de dernière minute.
Le projet adoubé par les 43 chefs d'État (lire ci-contre) est différent de celui initialement voulu par le président français. Ce dernier souhaitait une union réunissant les pays limitrophes de la Méditerranée, avant d'être rappelé à l'ordre par ses partenaires européens, emmenés par Angela Merkel, la chancelière allemande, qui craignait que ce projet ne fasse exploser l'Europe.
L'Union lancée hier est donc le fruit d'un compromis qui se rapproche du processus de Barcelone, signé en 1995 et misant sur un partenariat entre l'Union européenne et plusieurs pays de la Méditerranée.
Les initiateurs de l'UPM comptent sur des projets concrets pour la lancer (voir ci-contre), et Nicolas Sarkozy a également insisté sur la parité des relations Nord-Sud : « Nous devons écrire notre histoire sur un pied d'égalité », a-t-il plaidé en ouvrant la réunion plénière.

Doutes de Bouteflika
sur le financement
de l'UPM


L'UPM doit à présent se doter d'institutions et d'un financement. Hier, seuls les deux coprésidents, un pour le Nord (Nicolas Sarkozy) et un pour le Sud (Hosni Moubarak), ont été désignés. Reste à définir le lieu du secrétariat général de l'UPM, la nationalité du secrétaire général et les moyens affectés à l'Union.
Cette question du financement n'a pas été abordée hier, et Abdelaziz Bouteflika, le président algérien, a émis des doutes sur les moyens réels que l'Union européenne compte affecter à sa voisine UPM, les équilibres budgétaires étant bouclés jusqu'en 2013. Les ministres des Affaires étrangères ont rendez-vous en novembre pour se mettre d'accord sur ces questions. « Nous avons du pain sur la planche, a répondu Nicolas Sarkozy, mais la voie est ouverte. » Après l'euphorie du baptême, l'Union doit à présent affronter la réalité.


Élodie Bécu

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